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Collectif Arc-en-Ciel Le droit d'aimer 12 févr. 2015
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Le droit d’exister et d’aimer sont deux droits essentiels que la société mauricienne ne reconnait pas aux personnes homosexuelles et transgenres, selon le Collectif Arc-En-Ciel (CAEC). Pour susciter un débat, lever les tabous, faire évoluer les mentalités, trois visuels seront dévoilés au grand public le 17 février. Première à Maurice, cette campagne de communication coïncidera avec le lancement d’une stratégie de plaidoyer avec 3 priorités…

- Pauline Verner, vous êtes française, diplômée en Ingénierie sociale de l’Université de Strasbourg, coordinatrice du CAEC depuis juillet dernier. Qu’est-ce qui vous motive dans la défense des droits des personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) à Maurice ?

Pauline Verner : J’ai toujours eu une grande sensibilité pour les causes liée aux injustices, aux inégalités et à la discrimination. Concernant les droits des personnes LGBT, on parle avant tout d’Amour, un amour souvent incompris et méprisé. A Maurice, la situation de ces personnes se révèle parfois dramatique : l’état mauricien ne reconnait toujours pas les statuts et les droits de ces personnes. D’ailleurs Maurice est encore recensé comme un pays homophobe en raison de l’article 250 de son code pénal qui pénalise la sodomie. La discrimination est encore très forte. C’est donc un gros challenge de contribuer à permettre aux personnes LGBT d'obtenir, un jour, les mêmes droits que les hétérosexuels !

- Le Collectif Arc-en-Ciel fêtera ses 10 ans cette année, pourquoi ne pas avoir choisi d’axer plutôt cette campagne de communication sur les services que vous offrez ?

Lors de l’écriture du projet, il était clair pour nous que le plus important était de viser une évolution dans les mentalités plutôt que de faire la promotion de nos services. Puis, quand nous avons demandé à la communauté sur quelle thématique elle souhaitait centrer cette campagne, ce qui est revenu c’est justement le droit d’aimer et d’exister. Nous n’avons pas d’étude sur les discriminations, ni de chiffre sur les agressions à caractère homophobes, mais nous savons qu’elles existent, puisque des personnes viennent vers notre ONG pour obtenir une aide psychologique et des conseils légaux. Des services que nous offrons gratuitement, notamment avec la collaboration d’avocats volontaires, principalement Michel Ahnee et Rama Valayden. Nous avons eu des cas rapportés au CAEC : des menaces de mort à l’intérieur d’une famille suite au coming out d’une personne, un cas de séquestration où le Collectif a dû intervenir auprès de la police pour obtenir une precautionary measure… Concernant les chiffres sur les agressions physiques, je voudrais souligner que les victimes d’actes homophobes ne se rendent habituellement pas à la police par crainte que leur plainte ne soit pas enregistrée… Si elles contactent notre association, je précise que nous pouvons les accompagner dans leurs démarches.

- Le lancement de la campagne de sensibilisation nationale du CAEC est une première, quel impact attendez-vous ?

Cette campagne, visible sur 30 billboards, dans la presse et sur les supports digitaux, va forcément susciter des remises en question dans l’esprit de certains car elle va interpeller directement le public à travers le slogan. Le changement de mentalité ne sera pas possible à évaluer, mais si au moins une personne change de perception sur l’homosexualité, ce sera déjà une réussite ! D’un autre côté, cette campagne pourtant « soft » par ses textes et ses visuels, peut s’accompagner d’une montée de l’homophobie, nous en sommes bien conscients. Nous sommes prêts à répondre aux questions et commentaires des personnes qui contacteront l’association…

- Cette campagne ne risque-t-elle pas aussi d’affecter les personnes qui ont posé pour les visuels ?

Oui, ces personnes appartiennent à la communauté LGBT et assument déjà leur choix au grand jour dans leur vie quotidienne. Toutes sont très motivées par le projet et ont accepté de poser à visage découvert. Nous les avons averti des réactions que cette campagne pourrait susciter et nous allons les encadrer psychologiquement si besoin. Je remarque que le casting a suscité beaucoup d’intérêt des personnes lesbiennes et transgenres. Par contre, alors que les hommes homosexuels sont très actifs pour militer sur Facebook ou pour participer à des soirées, ils étaient très frileux à l'idée de se montrer à visage découvert dans le cadre de cette campagne.

- Cette campagne coïncidera aussi avec la présentation du nouveau logo, du site web et de vos axes de plaidoyer, dites-nous en plus...

Nous lançons effectivement notre nouvelle identité visuelle et notre nouveau site web qui sera beaucoup plus ludique et pratique d’utilisation. Le CAEC évolue et cette campagne nous permet également de mettre en avant les trois plaidoyers que nous allons soutenir au cours de cette année. Le CAEC va en effet se focaliser davantage sur l’abrogation de l’article 250 du code pénal de 1838 pénalisant la sodomie. L’association militera également pour la création d’une nouvelle loi concernant les violences à caractère haineux basées sur l’homophobie et la transphobie. Et notre collectif souhaite obtenir l’intervention de la société civile dans les écoles publiques afin de parler des différentes orientations sexuelles et des risques liés à la sexualité non protégée.

- Le CAEC a-t-il déjà une expérience du travail de prévention ?

Oui, nous intervenons auprès des adultes, grâce au soutien du Fonds Mondial contre le Sida. Cette aide nous a permis d’embaucher 4 travailleurs de terrain, pour faire de la sensibilisation et pour distribuer des préservatifs notamment.

- Quels sont les besoins du CAEC en terme de ressources humaines ou financières ?

Déjà, nous remercions le Fonds Canadien d’initiatives locales qui a financé cette campagne de communication, réalisée en partenariat avec l’agence Eruption. A l’avenir, l’idéal serait d’avoir les moyens de rémunérer des avocats, un psychologue à temps partiel et aussi un travailleur social à temps plein à notre permanence. Notre grand rêve serait de créer un centre résidentiel pour les jeunes adultes (les 15 à 25 ans), qui sont rejetés par leur famille. Ces jeunes se retrouvent sans abris et peuvent se retrouver aux prises avec le commerce du sexe pour subsister… D’autres jeunes gens nous ont fait part malheureusement de mariages forcés... Des structures existent en France pour ces jeunes sous l’égide de l’association Le Refuge. L’objectif serait d’offrir un hébergement et un accueil de jour, du counseling, de la formation professionnelle et des loisirs encadrés.

Collectif Arc-en-Ciel Tel : 465.4596

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