Actus

• Votre exposition « Wow-Mum » qui a pris fin hier avait pour objectif de sensibiliser sur la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Quelle était l’importance de choisir cet axe très spécifique de sensibilisation autour du VIH ? 
  Selon la AIDS Unit, 69 enfants sont nés avec le VIH en dix ans. Et 5 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont transmis le VIH à leur bébé à Maurice en 2021, d’après l’ONUSIDA. Ces deux chiffres m’ont interpellé et il me semblait pertinent d’essayer de sensibiliser le maximum de Mauriciens sur cette cause et en même temps de lever des fonds pour PILS pour les projets en lien avec la prise en charge des femmes et des mineurs vivant avec le VIH.

• Il y a eu une dimension humaine très forte derrière la réalisation de chacune des onze œuvres exposées. Y a-t-il une histoire en particulier qui vous a frappée plus que les autres, parmi celles de toutes les femmes enceintes vivant avec le VIH ayant accepté de participer au projet ?
  Tous les témoignages étaient forts. Celui qui m’a le plus marqué, cependant, était le récit d’une jeune femme qui a appris son statut VIH positif au cours de son suivi de grossesse. En une seule consultation, elle est passée de la grande joie de devenir maman à un abattement terrible… Le médecin a su trouver les mots pour la réconforter et lui donner l’assurance que l’induction au traitement antirétroviral (ARV) puis l’adhérence quotidienne aux comprimés allaient la protéger et protéger son bébé. Elle a été convaincue… et a réussi à se ressaisir pour dépasser l’effet d’annonce de sa séropositivité.

• Au cœur de votre projet d’exposition céramique, quelle a été votre histoire à vous avec cette personne et comment l’avez-vous impliquée ?
  Aujourd’hui, son enfant a grandi. Et le test des deux ans était négatif. J’étais à ses côtés le jour du résultat du test des deux ans. Est née ensuite la création en céramique « Toutes en larmes », une des œuvres de l’expo. Les larmes qu’elle a décrites avoir eu le jour de l’annonce de son propre statut VIH se sont mêlés dans l’œuvre à nos larmes de joie, à elle et moi. Celles du jour de l’annonce du statut négatif de son enfant. Un vrai soulagement.

• Quel est le message principal que vous souhaitez faire passer à travers cette expo, par rapport à la transmission du VIH de la mère à l’enfant ?
  Que la transmission est évitable grâce au traitement. Malheureusement, certaines personnes ne se font pas soigner car elles craignent d’être jugées. Les discriminations découragent certaines femmes vivant avec le VIH d’intégrer la prise en charge médicale. D’autres induites au traitement, disparaissent du continuum de soin et sont considérées comme des « perdues de vue ». Elles apparaissent parfois si survient une grossesse, en vue de reprendre leur traitement ARV ; finalement, le besoin de protéger leur fœtus est bien là. Mais les femmes concernées, face encore une fois à ces attitudes stigmatisantes, disparaissent à nouveau sitôt leur accouchement.

• C’est là, entre autres, que l’on voit tout le mal que peut faire une attitude discriminante envers les personnes vivant avec le VIH…
  Plus d’un millier de patients, hommes et femmes confondus, sont aujourd’hui considérés comme « Lost to follow up » par les 5 centres de prise en charge du VIH du pays. Cette expo est aussi l’occasion de s’interroger sur le regard que nous portons sur les personnes séropositives. Ce regard serait-t-il plus bienveillant s’il se posait sur une femme enceinte ou sur un bébé ?

• Concrètement, que peut faire le citoyen lambda pour apporter son soutien à cette cause, mis à part déjà de s’y intéresser et de rechercher les bonnes informations ?
  A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida du 1e décembre dernier, l’Atelier ARTZIL (studio de céramique à vocation sociale) et PILS ont lancé un signe de mobilisation pour que les citoyens montrent leur solidarité envers les enfants atteints par le VIH. Il suffit de poster un selfie sur les réseaux sociaux, avec l’hashtag suivant :
  #ZeroTransmissionVIH. Tant que des selfies ou des photos portraits pourront être collectés, le projet se poursuivra. C’est possible aussi d’envoyer les photos par mail : artzil@outlook.com
  Par ailleurs, j’encourage le maximum de citoyens à s’impliquer comme volontaire pour PILS (formulaire en ligne sur PILS.mu) ou de faire un don directement auprès de l’association. Plus de détails en contactant PILS au 212-4841.

• Y a-t-il une suite prévue au projet « Wow Mom + », en termes de travail d’accompagnement des femmes suivies ou de poursuite de la démarche de sensibilisation sur la cause concernée ?
  Les femmes qui ont témoigné pour le projet et plus généralement toutes celles qui vivent avec le VIH peuvent rejoindre l’association pour bénéficier de divers services.
  PILS a lancé en août un projet pilote pour former des ambassadrices mobiles « WOW-MOM+ ». Leur mission : sillonner le pays et sensibiliser les hommes, femmes et jeunes aux abords des centres médicaux ou communautaires… Ces ambassadrices ont participé à la semaine du dépistage organisée par PILS du 21 au 26 novembre. Le projet de sensibilisation mobile se poursuivra encore tout au long du mois de décembre.
  Pour sensibiliser davantage de Mauriciens, les artistes Bleck Lindor et Adrien Parsad ont lancé une chanson. Et l’inspiration sur le VIH pédiatrique et sur la Transmission VIH mère/enfant ne leur manque pas… Alors pourquoi pas tout un album en 2023 ?

Notes sur les pièces de l’expo 

L'exposition de céramique contemporaine WOW MOM +, présentée par Marie-Laure Ziss-Phokeer et documentée par la photographe Khatleen Minerve, est venue mettre en lumière le courage, et également les espoirs des femmes pour atteindre l'objectif Zéro transmission du VIH de la mère à l'enfant. Certaines pièces de cette belle expo, fortes du vécu et de l’histoire de dames-courage, sont toujours en vente. Les profits iront à l’association PILS. Contactez l’Atelier ArtZil pour voir tout le catalogue (artzil@outlook.com) ou Pascal Lamisong de l’association PILS au 212-4841.