Actus

TEXTE PARU DANS LA PAGE SOLIDARITE DE L'EXPRESS DU LUNDI 5 OCTOBRE 
(PARTENARIAT LA SENTINELLE ET ACTOGETHER)




Alors qu’Elmira Joson n’a que trois mois, sa mère commence à comprendre que sa petite fille n’est pas comme les autres. Quatre mois après, le diagnostic tombe. Le pédiatre explique qu’Elmira est atteinte de Cerebral Palsy (infirmité motrice cérébrale). Plus tard, lors d’une consultation avec un médecin en France, celui-ci conseille à ses parents de ne pas la placer en école spécialisée car il estime qu’elle a les capacités d’évoluer dans une école mainstream, bien qu’elle ait montré des signes de troubles de l’apprentissage.

C’est ainsi que commence son réel parcours du combattant, qui est semé d’embûches mais qui en même temps lui ouvre plusieurs portes. « J’ai intégré une école primaire mainstream et cela ne s’est pas très bien passé. » Marginalisée par les élèves, ainsi que par le corps enseignant, Elmira est placée en école privée et y reste jusqu’en deuxième année de secondaire. Le Collège Lorette de Saint Pierre lui ouvre alors ses portes, et l’accueil y est entier. Intégrée avec cette différence qui fait aujourd’hui sa force, elle se sent valorisée et entourée. Elle a des amies qui la soutiennent bien que l’adolescence ait été un moment difficile car elle ne pouvait pas faire tout ce que faisaient ses amies. Elle réussit ainsi sa SC, puis entame les années de HSC au Collège Lorette de Rose-Hill.

En 2010, Elmira entame une année de cours en ressources humaines à l’Institut Charles Telfair et obtient son diplôme. En août 2011, elle se lance dans une licence en Counseling auprès de l’Université de Technologie. Trois ans, après, elle l’obtient et fait la même année un stage de quelques mois à la Global Rainbow Foundation, association pour les personnes en situation de handicap. En 2016, elle travaille quelques mois dans la librairie du Collège Lorette de Saint Pierre, avant d’entamer un autre stage professionnel au Training and Employment of Disabled Persons’ Board.

Une de ses collègues lui parle alors de l’association Women With Disabilities, et l’invite à en être membre. C’est ainsi qu’elle rencontre Nalini Ramasamy et Hélène de Cazanove, qui la poussent à aller plus loin, et qui, cette année l’invitent à agir comme Counselor pour l’association. Le service de Counseling de la Women With Disabilities a été lancé il a quelques semaines, à raison d’un samedi par mois. Le financement reçu pour permettre la concrétisation de ce projet couvre neuf sessions.

Le besoin d’écoute pour les personnes en situation de handicap est particulièrement important, souligne-t-elle, dans un contexte sociétal où la discrimination et les tabous persistants à l’encontre des personnes en situation de handicap, enveloppent la personne dans un sentiment d’incapacité à avancer et évoluer, un sentiment qui est souvent intériorisé. L’espace d’écoute que permettent les sessions de counseling de Women with Disabilities a ainsi pour but d’offrir un moyen d’expression, des difficultés rencontrées au quotidien, des désirs qui semblent compliqués à combler…

Depuis le début de cette année, Elmira est aussi sur le comité d’une autre association, la Fraternité Mauriciennes des Malades et Handicapés (FMMH). L’équipe de la FMMH lui a également proposé d’animer un groupe de Counseling pour les parents d’élèves.

« Intégrer l’univers associatif m’a permis de mieux comprendre comment fonctionne le combat pour les personnes avec un handicap. J’y ai appris beaucoup de chose sur moi-même. J’ai réalisé que je n’étais pas seule dans cette situation et qu’il y a plein de possibilités qui s’offrent à nous. Même si mes amis sans handicap me soutiennent beaucoup, le fait d’être en contact avec des personnes faisant face aux mêmes difficultés a quelque chose de réconfortant. »