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"Je vous raconte mon cancer du sein" 22 oct. 2018
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Octobre, ce mois rose, mois où les projecteurs braqués sur le cancer du sein font ressortir l’étendue d’une maladie en nette progression à travers le monde. Le cancer du sein est le type de cancer le plus courant à Maurice, selon les responsables des principales ONG concernées. Pour ceux qui la vivent de plein fouet, il est souvent difficile d’en parler. Lise et Vijam, deux survivantes du cancer du sein, ont accepté de témoigner. 

Extraits de la page Solidarité de l'Express du lundi 22 octobre 2018.
Partenariat La Sentinelle-ACTogether.mu.

 

Lise Salmy, survivante du cancer du sein


Un lundi soir d’il y a sept ans, j’ai découvert une grosseur dans mon sein. De là, tout est allé très vite. Le lendemain, première auscultation au dispensaire, je suis référée vers un spécialiste à l’hôpital, j’y vais tout de suite, on me fait passer une biopsie deux jours après et une dizaine de jours plus tard, le résultat tombe : Cancer du sein…

Je dois souligner le grand professionnalisme et l’approche très humaine du médecin à ce moment-là. Avant l’annonce, il m’a beaucoup préparée, m’a confirmé la présence d’une grosseur, m’a parlé de tous les traitements possibles, m’a rassurée, et seulement après toutes ces explications, m’a dit qu’il s’agissait d’un cancer et qu’une ablation était nécessaire. On était mardi. Il m’a dit de rentrer chez moi, de faire tout ce que je voulais faire, de bien me préparer psychologiquement et de revenir le lundi suivant pour l’opération.

Sur le coup de l’annonce, c’était comme si le monde s’écroulait autour de moi. La première chose que j’ai voulu faire en rentrant était d’aller voir ma maman. A 52 ans, j’avais besoin du réconfort de ma maman de plus de 80 ans. Il fallait déjà que je lui annonce. Malgré son âge avancé, ma maman m’a tout de suite apporté son soutien. Elle m’a dit : « Pourquoi tu pleures ? Remercies Dieu de l’avoir découvert à temps ! » Mes sœurs, mon mari, mes deux enfants m’ont tous apporté leur soutien. Mes fils cherchaient beaucoup d’infos sur le net.

Le jour de l’opération, juste avant de partir en salle, le médecin est encore venu me voir, m’a dit que tout irait bien, a posé une main rassurante sur ma tête. Ces gestes et ces paroles m’ont beaucoup aidée.

L’opération s’est bien passée. L’année qui a suivi a été très dure. Il y a eu la chimiothérapie, un moment très difficile. Il y a eu des fois où j’ai voulu laisser tomber la séance de chimio, mais mes enfants et mon mari m’ont poussée à y aller. La radiothérapie était moins dure. Aujourd’hui, j’ai encore des cachets à prendre mais je vais bien.

Mon mari m’a toujours énormément soutenu mais ce n’est que plus tard que j’ai réalisé à quel point il avait aussi souffert. Lui, ma mère et les enfants ont été très forts et ne me laissaient pas voir leurs peines. Longtemps après que ma santé se soit améliorée, ma voisine m’a dit que mon mari lui avait confié ne plus pouvoir me voir souffrir autant, et qu’il aurait voulu pouvoir prendre une part de cette souffrance sur lui. Sur leurs visages on pouvait voir que c’était dur pour eux mais ils n’en parlaient pas pour que je ne sois pas découragée. Cela me faisait mal aussi alors j’en parlais avec les thérapeutes des associations auprès de qui j’étais allée chercher du soutien, notamment Link to Life et Le Clos de l’Espérance. Il y a certaines réponses que la famille et les proches ne peuvent apporter. Les ONG et leur équipe paramédicale aident beaucoup à ce niveau. On se sent davantage encadrés.

Je suis consciente que j’ai eu énormément de chance d’avoir autant de soutien avec moi. Il y avait des personnes autour de moi qui étaient seules dans leurs combats contre le cancer du sein, car leurs proches ne pouvaient plus supporter la pression.

Aujourd’hui, je vois la vie différemment. Auparavant, je me souciais de toute chose, je réfléchissais beaucoup trop, je planifiais tout ! Maintenant, je prends la vie comme elle vient, je vis au jour le jour. Si un problème survient, on verra ce qu’on peut faire. Aujourd’hui c’est aujourd’hui. Pour demain, on verra demain ! C’est comme si une nouvelle vie commence pour moi, comme une deuxième naissance ! J’ai beaucoup plus confiance en moi, je me sens plus forte pour affronter toutes les situations. Si d’autres femmes comme moi font face au cancer du sein et qu’elles ont peur de sortir de leurs cocons, j’ai envie de leur dire de ne pas avoir peur de parler, de s’ouvrir et de profiter de la vie ! »

 

Vijam, survivante du cancer du sein

 « J’ai d’abord remarqué une grosseur un jour que j’étais sur mon lieu de travail. Je me suis dit qu’elle s’en irait sûrement toute seule… Mais elle est restée. J’ai été à l’hôpital et ai consulté un généraliste, qui n’a rien trouvé d’anormal. J’ai pensé que c’était une inflammation ou quelque chose du genre. Je ne savais même pas ce que signifiait le mot « cancer ». Je manquais beaucoup d’information sur ce sujet, même si ma mère en avait été atteinte.

Plusieurs mois après, je suis repartie consulter car je savais que cette grosseur avait quelque chose d’anormale. Je suis passée avec un jeune médecin qui m’a référée vers le département de chirurgie. C’est à partir de là qu’on a finalement détecté le cancer du sein.

Le jour de l’annonce, le médecin m’a expliqué ce qui m’attendait et les étapes du traitement… Quelques temps après j’ai fait une ablation, puis la chimiothérapie, et ensuite la radiothérapie, chacune avec son lot de difficultés, mais j’ai choisi de ne pas imposer ces différentes étapes à mes proches. Même si j’ai encore ma famille, je vis seule et je suis allée seule à mes séances de chimio et de radio.

J’ai commencé à fréquenter le centre Breast Cancer Care qui m’a bien accueillie et je me suis jointe aux activités de l’association. Aujourd’hui j’ai bien avancé dans le traitement, je me sens beaucoup mieux, et mes cheveux ont fini par repousser. Mais je ne suis plus celle que j’étais. Les changements sont phénoménaux... Je ne souhaite pas m’étendre davantage dessus.

 

 

Contacts utiles : 

  • Link to Life : 686-0666
  • Breast Cancer Care : 698 6710
  • CANMA (Cancer Association of Mauritius) : 464 5777
  • Le Clos de l’Espérance : 465 6128

 

 

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