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APEIM - Association de Parents d'Enfants Inadaptés de l'Ile Maurice Jocelyne Beesoon : 35 ans d’amour jusqu’à la direction de l’APEIM 02 oct. 2017
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Depuis juillet dernier, Jocelyne Beesoon a officiellement pris les rênes de l’APEIM des mains d’Irène Alessandri. Rencontre avec la nouvelle directrice…


Comme toutes les ONG, l’APEIM est passée par une phase financière difficile dernièrement. Où en êtes-vous actuellement ?

Le paysage du CSR a beaucoup changé et il y a un grand flou. On a galéré comme toutes les ONG, on a attendu les lignes directrices, c’était une situation compliquée, mais on a été à la hauteur. On est aujourd’hui financièrement à environ 30% de notre roulement, comparé à la même époque l’an dernier. Désirée, la CSR Officer fait son maximum.

Quels sont vos principaux défis, hormis la lutte pour la survie financière ?

Un gros volet de notre travail consiste à être à l’écoute des bénéficiaires et à les renforcer en capacités - je parle là des jeunes avec un handicap intellectuel mais aussi les familles. Encore une fois, tout dépend des fonds. Toute cette énergie que nous mettons dans les levées de fonds aurait pu être mis au service des bénéficiaires.

Vous avez l’impression de ne pas pouvoir suffisamment répondre aux besoins des bénéficiaires ?

Nous n’avons pas la capacité de le faire en termes financiers mais nous essayons en termes de bonne volonté et d’expertise ! L’APEIM aura bientôt 50 ans et nous avons toujours œuvré pour offrir un service professionnel. L’argent se fait rare mais nous avons investi dans un personnel de qualité au niveau du personnel et de l'équipe « Para-med ».
Nous sommes une des rares organisations à offrir un service « Para-med » comprenant médecin, ergothérapeute, psychologue, orthophoniste, physiothérapeute, et c’est notre grande force !  C’est une équipe fidèle, dont certains sont là depuis plus de quinze ans. Nous avons un bon taux de rétention au sein de cette équipe, malgré le « salaire d’ONG ».

Cela découle des valeurs que vous avez pu passer dès le début avec l’équipe ?

Oui, ils sont compréhensifs. Ce sont des personnes très outillées car nous avons toujours misé sur la formation, ce qui a créé en elles une ouverture, leur engagement s’est approfondi et elles sont restées ! Pour ma part, je suis dans le domaine depuis 35 ans et je ne me vois pas faire autre chose !

Les besoins des bénéficiaires ont beaucoup évolué depuis ces 35 ans ?

Auparavant, les demandes se situaient autour de la pension et des soins. Maintenant, la personne en situation de handicap intellectuel recherche plus de reconnaissance sociale. Son souhait est d’exister dans la société avec dignité ! Les parents veulent davantage que leurs enfants accèdent à l’éducation et la formation. Ils y croient ! Aujourd’hui, les principaux concernés veulent travailler, voter, faire partie intégrante de la société et c’est en train de se réaliser. Quand ils voient que d’autres dans le même cas qu’eux arrivent à être employés, à se marier, pour eux c’est extraordinaire ! Il y a une petite révolution au sein même des Self-Advocates du réseau Inclusion Maurice et c’est très positif ! Ils se sentent capables de faire des choses…

S’il y a bien un pari que vous avez remporté, c’est d’avoir réussi à leur donner confiance dans leurs aptitudes ?

Oui, et de ce que je vois, beaucoup de personnes commencent à leur donner leurs chances - on les reconnaît, on les invite ! Le mariage d’Audrey et Pravesh était un moment très émouvant. Il y avait un climat qu’on ne peut pas définir, cela nous a boosté à l’APEIM et a rejailli sur la communauté des Self-Advocates, même dans les écoles parce qu’en ce moment je lance aussi le projet des Self-Advocates dans plusieurs ONG et dans les écoles spécialisées.

Cela implique quoi ?

Les « Support Persons » qui ont cheminé à Trianon depuis 2014 entament un module dans les écoles sur les droits, d’après un programme que j’ai établi. On essaie de former des Self-Advocates parmi les adolescents de 16-18 ans pour en faire des personnes conscientes de leurs droits et de leurs capacités. La lutte qu’a menée l’APEIM depuis plus de 50 ans porte ses fruits aujourd’hui ! D’ailleurs, le réseau Inclusion Maurice a été lancé par l’APEIM mais nous souhaitons un jour passer le flambeau à d’autres ONG.

Passer le flambeau, penser à la relève est un élément important pour poursuivre une cause efficacement. C’est un peu ce qu’a fait Irène avec vous depuis les trois dernières années ?

Oui, si un départ se prépare, des effets positifs en ressortent et l’on assure la pérennité de l’action ! La personne à la relève hérite de la cause, avec ses joies et ses difficultés. A l’APEIM, nous mettons de l’énergie pour trouver les solutions, améliorer la qualité de nos services, suivre la tendance et être un agent de change pour donner toutes les chances aux personnes avec un handicap intellectuel de vivre une vie épanouissante. Chacun est unique et je veux que chacun trouve sa voie. Quand un jeune vient vers nous, on essaie de trouver son talent, on capitalise dessus et on l’aide à le développer.

Depuis que vous faites partie de la cause du handicap intellectuel, il y a sûrement des jeunes que vous avez accompagné au début et que vous voyez aujourd’hui ! Vous ressentez quoi en les voyant ?

Il y a Z.K par exemple, que j’ai connu bien jeune. Aujourd’hui, il a presque 40 ans et travaille comme jardinier à la Municipalité de Port-Louis. Il m’appelle sur mon portable, fait partie des auto-représentants. Avec ses économies, il a récemment réalisé le rêve de ses parents de faire un pèlerinage à La Mecque ! Quand je vois son évolution, je me sens petite, je me dis qu’au moins si j’ai pu contribuer un peu à ça, j’ai pu dans ma petite vie, servir à quelque chose !
Puis il y a Jonathan, qui travaille à l’Atelier de Port-Louis comme messenger cleaner, et qui est artiste ! Il a exposé ses œuvres et a fait l’objet d’une certaine couverture médiatique.
Ce qui me frappe chez ces jeunes, c’est qu’ils évoluent dans la vie avec leur handicap mais aussi beaucoup de persévérance ! Ils ont tous un talent et il faut un accompagnement et de l’amour pour l’aider à le développer.
« Amour » est un terme qu’on n’utilise généralement pas dans le monde professionnel. Moi, je l’utilise sans problème ! L’amour de l’autre, l’accueil qu’on lui réserve, le regard de compassion envers cette personne sont importants car c’est l’amour qui met debout et vous donne force et courage pour avancer. Quand je vois ces jeunes que j’ai connu bébés et qui aujourd’hui avancent, c’est merveilleux ! Ils ont une qualité de vie, même s’ils ne travaillent pas tous forcément.|

Au niveau des écoles – quel est le degré d’implication de l’APEIM depuis qu’elles ont été reprises par le SeDEC (Service Diocésain de l’Education Catholique) ?

L’accord stipulait clairement que nous allions continuer notre accompagnement sur le terrain pour leur montrer le chemin. Dès le départ, Gilberte (Chung) nous a demandé de l’aide. Nous avons collaboré à tous les niveaux – comptabilité et administration, pour la gestion du Grant-In-Aid ou des demandes assez pointues de la Sécurité Sociale car nos secrétaires savent déjà comment cela marche ; puis bien entendu au niveau de la pédagogie et de notre équipe « Para-med ». Nous avons commencé cet accord de principe en 2017. Nous ferons bientôt un bilan et commencerons à nous retirer un peu plus de sorte à ce qu’ils soient de plus en plus autonomes, mais nous ne lâcherons pas notre bébé ! L’APEIM est une ONG qui offre des services spécialisés très précis et le SeDEC en aura toujours besoin.

Pour l’instant on se réfère toujours à ces écoles comme les « écoles APEIM »…

J’espère que ce ne sera plus le cas bientôt car le SeDEC a créé un SENS unit qui a repris les écoles et nous avons tenté de le faire comprendre au public mais la communication ne passe pas. Ce n’est pas gagné car c’est encore confus dans la tête des gens.

Vous avez aussi du financement international ?

Non, mais on projette d’aller en chercher. Il y a quelques mois, juste avant le départ d’Irène, on a fait une restructuration interne et après un constat de nos services actuels et un exercice de planning stratégique, on a formé de petits comités, notamment un comité communication et un comité fundraising. Pleins d’idées sont remontées, qu’on attend de mettre sur pied !

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