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Association Kinouété Un lieu neutre pour la reconstruction sociale 27 mai 2016
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Depuis peu, Kinouété, ONG œuvrant à la réhabilitation d’ex-détenus, ouvre son centre résidentiel à des femmes en besoin urgent de sécurité et de logement. L’équipe travaille avec elles à une reconstruction sociale et identitaire, pour les aider à retrouver, elles-aussi, leur place dans la société.

Au centre résidentiel de Palma que gère Kinouété, chaque jour est un nouveau challenge pour les bénéficiaires de l'ONG. Ces dernières sont amenées à travailler à un plan de vie, rythmées par un quotidien axé autour d’un plan précis. Le but est de recréer un équilibre sain et constructif dans la vie de ces femmes, afin qu’elles arrivent à acheminer leur travail d’introspection jusqu’à la réalisation de leurs objectifs.

De manière plus globale, le centre vise à tamponner la sortie directe (et parfois un peu abrupte) de l’univers carcéral, afin de préparer la personne à un retour posé et en douceur au sein de la vie en société. «  Nous essayons de donner à la femme un environnement favorable pour qu’elle puisse travailler avec notre aide sur son projet de vie. Il s’agit de lui présenter un objectif à atteindre à sa sortie – prendre des mesures au niveau de sa santé, renouer avec ses parents, l’aider à retrouver ses enfants où qu’ils aient été placés, ou peut-être chercher un travail », précise Michel Vieillesse, directeur de Kinouété.

Les besoins que ce centre résidentiel cherche à combler chez ses bénéficiaires tournent autour des mêmes points : réconciliation avec un passé difficile, rehaussement de l’estime de soi, recherche identitaire, établissement d’un projet de vie, assurance de sécurité (financière, physique, émotionnelle), réintégration familiale, développement de l’autonomie et écoute… Dans cette optique, Kinouété a récemment pris la décision d’ouvrir son centre à d’autres femmes (pas forcément d’anciennes détenues) qui feraient face à des besoins similaires.

Ce nouvel axe pour le centre de Palma est mis en place avec le soutien d’autres instances, notamment la Family Protection Unit et SOS Femmes. Cette dernière (qui a pour mandat d’intervenir dans l’urgence auprès de femmes nécessitant une protection) les accueille tout de suite et entreprend les démarches légales nécessaires à leur sécurité immédiate (police, protection order, etc).

Une fois cette question légale réglée, Kinouété se propose d'accueillir les mêmes personnes dans son centre résidentiel pour travailler avec elles à leur réinsertion sociale. Sous ce nouveau jour, le centre accueille aussi bien des femmes sujettes à de la violence domestique que des jeunes filles fraichement majeures sortant de Rehabilitation Youth Centres (RYC), et n’ayant nulle part où aller car rejetées de leurs familles respectives.

Le programme pour chacune des résidentes dure entre six mois à un an. Les personnes y sont admises après une évaluation de leurs besoins et une analyse de la capacité de Kinouété à parer à ces besoins, selon la mission qu’elle s’est fixée. Le local de Palma contient 6 chambres individuelles et a la capacité d’accueillir deux enfants de moins de 12 ans.

Au total, indique Michel Vieillesse, environ 250 personnes et leurs familles sont suivies par Kinouété. L’ONG compte actuellement 12 employés, dont 3 au centre de Palma (un drop-in centre existe aussi à Floréal), ainsi que 10 volontaires qui interviennent régulièrement en prison.

Pour intégrer ce centre résidentiel, Kinouété peut être contactée au numéro suivant : 697-1243/44.

La femme, maillon important de la structure familiale

Si Kinouété travaille aussi bien aujourd'hui auprès des hommes que des femmes, c'est auprès des femmes incarcérées que l'ONG a débuté ses activités.

En 2001, avec une petite équipe de volontaires, Sophie de Robillard prend l’initiative de faire de l’écoute à la prison des femmes. Chez ces personnes, détenues pour une raison ou pour une autre, résonne unanimement un fort questionnement identitaire. « Qui sommes-nous aujourd’hui ? », « Que sommes-nous devenues ? », « Qu’allons-nous devenir ? ». Le nom du mouvement était tout trouvé. Kinouété se structure de là, et en 2006, prend officiellement le statut d’ONG.

L'incarcération chez les femmes, précise le directeur de Kinouété, est particulier dans le sens où la femme porte psychologiquement avec elle, sa famille et toute la vie qu'elle laisse derrière. « Le bagage émotionnel est plus lourd et les conséquences de son incarcération sont plus importantes. Quelques fois, c’est sur elle que dépend l’équilibre familial. Le travail d’introspection, qui fait partie de la première phase de réhabilitation, est donc plus complexe chez la femme », explique Michel Vieillesse.

Ce lien avec la famille est un volet important du travail effectué par l’équipe de Kinouété. Il regroupe les actions « terrain », dont l’un des buts est de remettre d’aplomb la structure familiale, car la famille est l’un des principaux points d’ancrage de la personne qui sort de prison. Quand la personne incarcérée est rejetée de sa famille, c’est un appui de moins, surtout si elle aspire à un nouveau départ. Le rejet de la famille est d’ailleurs plus fréquent chez la femme incarcérée qu’il ne l’est chez l’homme, poursuit le directeur de Kinouété. A Maurice, la pression sociétale pèse plus lourd sur la femme, symbole des valeurs familiales. Les fautes lui sont moins facilement pardonnées. 

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