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5 ans d’existence officielle, de beaux projets à leur actif, mais peu de visibilité médiatique… Comme beaucoup d’associations communautaires, Soleil de l’Ouest gagnerait à être plus connue. Composée d’une dizaine de membres, Soleil de l’Ouest rayonne sur différentes localités : Le Morne, La Gaulette, Coteau Raffin, Case Noyale et Chamarel. Nombre de ses membres sont également impliqués dans le service d’écoute de Caritas et tous ont à cœur le respect des Droits humains.

« Un des premiers projets menés par Soleil de l’Ouest a permis à deux jeunes orphelins en situation difficile d’accéder à un logement décent », raconte Marie-Lourde Félicité. « Ils avaient grandi au Foyer Père Laval et peu après leur majorité, ils s’étaient retrouvés en grande détresse. Forcément, leur comportement révélait la grande révolte intérieure qui les animait vis-à-vis, entre autres, de leurs conditions de vie. Nous avons réussi à les accompagner sur plusieurs fronts : l’écoute et le counseling, la régularisation des documents officiels, la construction d’une maison avec des fonds locaux et australiens… Aujourd’hui, leur vie s’est grandement améliorée. Les deux sont des sportifs accomplis… ce qui nous donne l’idée de lancer un club de judo pour que d’autres enfants du Morne profitent des talents de ces jeunes et qu’ils soient mis en avant comme des rôles-modèles, à la hauteur de ce qu’ils méritent ! Je lance donc un appel aux sponsors pour les kimonos, l’allocation de l’entraineur… »

Le développement intégral des enfants est aussi important que leur réussite scolaire aux yeux des membres de l’ONG Soleil de l’Ouest.

Aménager un conteneur

« A Chamarel, notre programme de soutien scolaire continue encore cette année. Et les personnes ressources ont beaucoup bénéficié de l’expertise de l’ONG Alphalec pour améliorer les méthodes d’alphabétisation. Au Morne, cette année, nous manquons de volontaires et d’un lieu approprié pour accueillir les enfants », précise Sheila Nayekoo. « C’est pourquoi notre priorité sera de réunir des fonds pour acquérir un conteneur et l’équiper selon nos besoins. Ce serait également un avantage pour nous de disposer d’un lieu convivial pour l’écoute et le counseling. Et aussi pour les rencontres inter-ONG ».

En effet, Soleil de l’Ouest prône le travail en réseau, avec Caritas et LEAD… Grâce à un partenariat entre LEAD, l’UNDP et le Decentralized Cooperation Programme de l'Union Européenne, 36 familles seront équipées de toilettes et salles de bain d’ici la fin de l’année. Sur les Rs 3,9 millions nécessaires à ce projet, les associations impliquées ont à ce jour pu récolter Rs 3 millions. Elles lancent donc un appel à de potentiels donateurs pour pouvoir compléter la somme manquante. « Beaucoup de familles, rien qu’au Morne, vivent encore sans toilette ! Et notre plaidoyer depuis des années pour obtenir au moins des toilettes publiques n’a jamais abouti », regrette Indranee (Dany) Auguste, vice-présidente de Soleil de l’Ouest, « des toilettes publiques seraient déjà un petit plus car tous les ménages ne peuvent malheureusement pas bénéficier d’un projet de construction de toilettes. Certaines familles squattent des terrains et n’ont donc pas de titre de propriété, d’autres n’ont pas assez d’espace pour placer la fosse septique ou encore n’ont pas bâti sur une terre adéquate pour les fouilles, selon l’ingénieur dédié au projet ».

Vigilance accrue sur les enfants « à risques »

Bernard d’Argent, thérapeute familial, habitant de la région et membre de longue date de Soleil de l’Ouest, attire l’attention sur le fait qu’il y a beaucoup d’enfants à risques dans les cinq localités couvertes par l’association (Le Morne, La Gaulette, Coteau Raffin, Case Noyale et Chamarel) : « Lors des visites de terrain, nous constatons une tendance à la reproduction sociale et beaucoup de répétitions entre générations, qu’il s’agisse des cas de violences, d’échec scolaire ou d’addiction… Aussi, en observant le comportement de certains enfants, nous pouvons les interpréter comme des signaux d’alerte de violences… La mission de Soleil de l’Ouest est bien entendu d’alerter les autorités compétentes, mais aussi de travailler en amont pour prévenir de telles situations, chaque fois que possible. Nous travaillons actuellement sur un projet baptisé ‘Raising happy and healthy children’. Nous détaillerons par exemple les bases des 'parental skills', la théorie de l’attachement, les Droits de l’Enfant, la nutrition…»

L’association a misé jusqu’à présent sur un atelier de formation à destination des mamans. « L’idée a aussi germé de créer dans le futur un club des papas », complète Joanna Donice-Louis, car « les papas ont davantage de difficulté à gérer leurs propres émotions et parfois les relations adulte/enfant… » Or, Soleil de l’Ouest croit beaucoup dans la valorisation de la personne humaine, de ses compétences intrinsèques et au-delà, dans le « capacity-building » de la structure familiale existante, telle qu’elle soit, monoparentale, recomposée…

« Pour accompagner le maximum de familles et gérer aussi les projets en cours, la professionnalisation de l’association avec l’embauche de travailleurs sociaux et d’un chargé de projets sera probablement la prochaine étape, car actuellement nous sommes tous des volontaires et limités en terme de temps. Bien entendu, d’autres bénévoles qui souhaiteraient nous prêter main forte sont les bienvenus ! », conclut Jean-Marie Thomas.