Conformément au plan stratégique de PILS pour la période 2014-2018, un nouveau département dédié au renforcement des capacités des acteurs de la lutte contre le VIH, prend son envol, avec à sa tête Stéphane Walger. Ce projet dépassera les côtes mauriciennes pour s’étendre à la région Océan Indien.
- L’organisation interne de PILS évolue. Cela va de pair avec la création de votre département. Est-ce que des services, au contraire, vont disparaitre ?
La mission de PILS n’a pas changé. Par exemple, pour l’unité de soutien psychosociale, les services resteront les mêmes et seront très axés sur l’autonomisation des personnes vivant avec le VIH. Pour la prévention primaire, des transferts de compétences auront lieu, mais PILS veillera à ce que cette transition se fasse le mieux possible. D’autres associations font de la prévention beaucoup mieux que nous aujourd’hui, par exemple LEAD, SIDA Info… Pour la ligne Sida Info d’ailleurs, le processus est en cours pour qu’elle soit gérée par une association indépendante.
- La création de votre département de renforcement de capacités a été rendue possible grâce à l’appui de fonds étrangers, par quel mécanisme ?
Membre du réseau international Coalition Plus, PILS a été désigné, dans le cadre de ce partenariat, comme porteur d’une plateforme de renforcement de capacité des acteurs de la lutte contre le VIH dans l’Océan Indien.
Avant, les transferts de compétences avaient plutôt lieu dans une dynamique Nord/Sud (des pays du Nord développés vers ceux du SUD). L’ONG française AIDES animait notamment un gros réseau regroupant une quarantaine d’associations africaines, en majorité dans les pays francophones. Aujourd’hui, PILS s’inscrit dans une dynamique Sud/Sud, à l’échelle de l’Océan Indien.
Pour la création et le développement de cette plateforme, un budget de 300.000 euros sur 2 ans a été alloué (40% du budget financé par AIDES et 60% par l’Agence Française de Développement). Le budget est important, notamment car il couvrira les déplacements pour les différentes missions, l’organisation d’une grande rencontre à Madagascar… Je précise que la plateforme est managée par un comité de pilotage composé de l'équipe Plateforme Ocean Indien, du board de PILS et du chargé de mission de AIDES.
- « Capacity Building », « Renforcement de capacité », ces expressions renvoient à la notion de formation, mais votre équipe fera bien davantage que de la formation ?
Oui, la formation c’est un des éléments du renforcement de capacité, mais pas le seul. L’équipe pourra établir un diagnostic organisationnel pour une ONG, c’est-à-dire une analyse, un état des lieux de ses besoins. Puis apporter des recommandations et un appui technique en faisant appel aux ressources humaines de PILS ou à d’autres personnels de la zone ou d’autres plateformes (Magreb, Afrique de l’Ouest, Afrique centrale).
Nous pourrons accompagner des associations sur des thématiques diverses dans l’optique de changement positif. Nous pouvons travailler sur la bonne gouvernance (le rôle du board, du management…), l’élaboration d’un plan d’action, de stratégies de levée de fonds ou encore de plaidoyer… Nous avons déjà identifié 10 ONG qui bénéficieront de la plateforme dans la zone Océan Indien. Les associations qui ont une composante VIH dans leur programme et des besoins, ne doivent pas hésiter à nous contacter : capacity.building@pils.mu Nous privilégions le renforcement de capacité des associations communautaires dans l'objectif de la transformation sociale.
- Vos missions dépassent aussi le cadre de la société civile ?
Oui, nous étions à Madagascar en novembre et aux Seychelles au début du mois de mars. Nous avons rencontré les représentants des différentes institutions (ambassades, ministères…) pour faire un état des lieux des accords bilatéraux et de la réponse nationale en matière de lutte contre le VIH. Nous avons prévu une mission aux Comores en juin.
- Et des rencontres régionales…
Oui, des ateliers régionaux et une grande rencontre qui devrait se tenir à Madagascar en septembre prochain. Ce sera aussi le rôle de la plateforme de faire remonter les enjeux propres à chaque pays.
- Lors de cette rencontre à Madagascar, il sera question du VIH, mais aussi sans doute de l’hépatite C et du traitement générique ?
La zone océan indien partage les mêmes problématiques ; l’hépatite C et l’ampleur de l’usage des drogues injectables, qui sont liées, puisque la contamination au VHC se fait par voie intraveineuse. Aux Seychelles et à Madagascar (surtout dans les villes portuaires), nous avons vu de nos yeux l’ampleur de l’usage de la drogue. Pour l’hépatite C, la bonne nouvelle, c’est que Maurice est éligible pour le traitement générique. Et les pays de la zone Océan Indien, le sont ou le seront grâce à la dynamique régionale.
